Quatre jours de marche dans la chaîne de montagne Terskey Alatoo, au sud de Karakol, décors de montagne époustouflants!
Jour 1 : Vallée de Karakol
Départ sur le tard (c'est souvent le cas remarquez...)
Après la visite du marché aux bestiaux, je passe au Café Karakol, parce que j'ai du mal à faire l'impasse sur un bon latte et des pancakes quand je sais où en trouver. D'autant plus dans ce pays du thé et du non-dessert... Bref, mon bec à sucre rassasié, je me mets en recherche du bus public qui doit me conduire à l'entrée du parc, le 101. Plusieurs demandes et plusieurs coins de rue plus tard, je réussi à monter dedans. Je donne 10 Som. Tout le monde m'a dit que c'était 10 Som. Le conducteur me demande 20, pour le sac à dos. Je secoue la tête et vais m'asseoir au fond. Je le sens pas celui-là... Terminus. Il tend la main à mon passage. "Niet". Il me fait signe du genre "Dehors!". Ben oui de toute façon on est arrivé... Je ne saurais pas si c'est moi qui l'ai arnaqué ou si c'est lui qui voulais mais bon tant pis!
La plupart des gens se rend au parc en taxi partagé et commence la rando au 1er ou 2ème pont qui se situent plus loin sur la route après l'entrée officielle. Je suis plutôt en mode éco, solo, mais surtout tellement heureuse de laisser un peu mon vélo et de marcher avec mes deux pieds que la petite rallonge ne me dérange pas. Je traverse un village et puis c'est la vallée sauvage. Déjà très jolie. Très verte! Après les routes désertiques & les hauts plateaux pelés, je suis joie de n'être pas si loin de mes alpages bornandins! Ça sent tout de même la haute montagne. Des sapins tout en longueur couvrent les versants et la rivière est vraiment grosse de la fonte des neiges. Il n'y a personne... Tout le monde a débuté sa rando plus haut mais surtout bien plus tôt que moi! Ça me va très bien! Le paysage se suffit à lui-même et, autant je tourne plutôt en boucle sur ma selle autour des minis sujets de stress (les kilomètres à parcourir, le bivouac à trouver, l'eau, les courses à faire...), autant la contemplation et l'effort de la marche me vident l'esprit.
Non stop - 20 km / 1200 m ↗/ 6 h
La marche se fait en deux parties. Un long morceau de piste qui longe la rivière en s'élevant tranquillement. Et les trois derniers kilomètres qui montent dré dans l'pentu à travers la forêt, puis un pierrier, pour finalement déboucher sur le premier campement du trek, près d'un minuscule étang déjà couleur glacier. Mais tout est beau! La vallée, sa large rivière aux méandres bleutés, ses chevaux qui paissent librement au milieu, ses étendues d'eau - immobiles et transparentes - où les reflets du ciel, des montagnes et des arbres se confondent avec leurs lits de pierres et de mousse. Les sommets se dressent hauts tout autour. Cascades, écureuil et rencontres de marcheurs ponctuent le temps.
Je discute un moment avec un guide kirghize qui accompagne trois allemands et qui maîtrise bien l'anglais. Instructif, sur les coutumes et traditions du pays. Les enfants y sont archi importants. Ça lui fait mal que je dise ne pas savoir si j'en veux. Gap culturel. D'après lui, les filles se marient autour de 19 ans et ont leur premier enfant 2 ans plus tard. Avec mes deux sœurs je fais pâle figure comparé au cheptel de la famille kirghize... Je rencontrerai plus tard une française fille unique qui m'a dit être considérée comme un ovni quand elle en faisait part!
Je les laisse à leur pause déjeuner et continue mon chemin. Dans la dernière pente je dépasse un groupe et train de se reposer. Aux rires, c'est bizarre, mais je devine qu'ils sont français. En réalité le rire était belge. Je les retrouverai sur le campement pour la soirée et ferai par la suite une grosse partie de la rando en compagnie d'Ariane et Adrienne.
Soirée francophone & étoilée
Bel emplacement, assez plat, quoiqu'il faille bien ouvrir l'oeil, à côté de cette petite mare bleue. Il y a, un peu avant, des yourtes ou des tentes pour les flemmards qui ne jouent pas aux escargots avec leur maison sur le dos. Et on peut même acheter du pain et de l'alcool! Mais pas de gaz... Je m'en rendrai compte plus tard =)
Il y a du monde mais ça reste raisonnable. Une quinzaine de tentes je dirai. Je rencontre Paul et Mathilde, un couple français parisien. Nous sommes donc rejoint par les français-belges de tout à l'heure. C'est en fait, deux copains français, Sinan et Grégoire, qui se sont greffés à deux copines belges, Ariane et Adrienne. Elles prodiguent de nombreux conseils "techniques" à ces banlieusards novices de la randonnée. Ils sont marrants et ont du mérite d'être là. On passe la soirée tous ensemble autour du feu (merci Grégoire, surtout que je tombe en rade de gaz), on rigole bien et on passe un moment à observer l'impressionnant ciel étoilé au-dessus de nos têtes.
Jour 2 : Lac Ala-kul
Matin détente
Vu que j'ai l'air de bien avancer, je me suis dit que je prendrai la matinée tranquilou pour dormir, écrire, dessiner, aquareller... Je suis pas Titouan Lamazou! Je fais des trucs moches et naïfs mais ça fait quand même un peu bien dans mon carnet de voyage. Et donc comme ça je serai bien solo comme j'aime sur le sentier et pas dans la queue-leu-leu. Franchement, non merci mais pas ici.
Il fait d'ailleurs un soleil magnifique de nouveau. J'ai vraiment l'impression d'avoir de la chance sur le temps. Marine, ma copine passée par là quelques jours avant, m'avait parlé de grêle et de pluie, du coup je profite à fond des rayons solaires au bord de mon mini étang bleu dans un campement vide! Enfin presque, il reste une tente. Je ravive le feu d'hier pour le thé, je grignote, et le temps s'écoule.
Bref, je suis le cliché français, ou sudiste, et je pars à midi. " Criqui les bagages, on s'arrache la vache ! "
Je crois que ça monte - 8 km / 1000 ↗ / 4h
Ce deuxième jour de rando est un jour où tu montes! C'est pas très long en soi, 8 km, mais par contre ça grimpe tout le temps, ce qui a le mérite d'être efficace.
En partant tu passes dans un autre camp pour tente. Une montagne de déchets est laissée là... Les Kirghizes n'ont pas vraiment le service qui suit pour leur traitement, je m'en été déjà rendue compte. Et ils font donc comme ils peuvent entre brûlis, enfouissement et un certain je m'en foutisme. Mais là au milieu des trekkeurs en recherche de pure nature ça fait vraiment tâche. On se demande d'ailleurs si tous ces marcheurs du bout du monde portent sur le dos leur bout de plastique pendant les quatre jours...
Je longe la rivière, bruit phénoménal. Cascades. Belle vue sur la vallée en contrebas. Comme prévu il n'y a personne ou alors dans l'autre sens. Ça va bien, même très bien. Le seul truc c'est ce sac à dos que j'ai loué qui me cisaille allègrement les hanches et les épaules... Son problème c'est que les mousses doivent être complètement cuites. Mon Deuter taillé femme me manque terriblement.
A 14h me voilà rendue au lac. Et quel lac! C'est une petite merveille couleur mince alors ! Bleu laiteux dans son écrin de roches escarpées semi-enneigées... Nouvelle carte postale.
Je retrouve la troupe : Ariane, Adrienne, Mathilde et Paul (Sinan et Grégoire faisaient le trek en 3 jours, on ne les croisera plus). Ils se sont naturellement arrêtés manger dans ce somptueux décor. Je suis étiquetée " pro de la rando " pour être montée en 2h. Comme dirait Sanka : " Je suis d'humeur olympique! ". En vrai, les quelques jours de vélo ont du quand même fabriquer un peu de muscles - en tout cas on l'espère ! - d'autre part mes globules rouges doivent être en ébullition à force de passer leur temps au-dessus de 3000 et puis marcher c'est sûr ça me connaît mieux que pédaler ! J'aime bien suer sur mes deux pieds, j'ai l'impression de pouvoir aller à l'infini... Bon au bout de 6 ou 8h, je me rends compte que finalement ça marche pas tout à fait comme ça et je suis bien contente de m'arrêter! Mais quand même la douleur se ressent à la fin, pas pendant l'effort - antithèse du vélo.
Je mange, les pieds dans l'eau - fraîche ! - prends le soleil et phototagraphie cette tâche bleue irréelle sous mille coutures pendant une bonne heure et demie. On dirait qu'une coquette géante a renversé par mégarde le contenu de son vernis à ongle, teinte bleu curaçao.
Mais il faut se remettre en route parce que la montée n'est pas finie! Il reste le col à passer avant une courte, mais raide, descente sur le second campement. Le Ala-kul Pass se situe à 3900 d'altitude. On l'atteint par une marche à flan de pierrier qui dévoile petit à petit le lac dans son entièreté; et qui demande une batterie d'appareil photo bien chargée à force de vue à couper le souffle! C'est dans les derniers mètres de dénivelé que je rejoins mes compagnons de rando qui commencent à être sur les rotules... On s'attend tous en haut pour se donner du courage et jouer les photographes des uns et des autres.
Et puis c'est la descente. Un petit passage enneigé délicat mais sinon c'est plutôt un genre de gravier mou donc ça va. J'avise des morceaux de bois, rares dans les cailloux et la steppe d'herbe rase. Je les ramasse précieusement car je n'ai toujours pas de gaz. Je prends les devants et traverse le Yurt Camp, sordide... Les autres m'ont dit qu'il y avait un campement libre un peu plus loin. J'avance mais je ne vois rien à part deux tentes sur une petite butte en contrebas du chemin. J'opte pour ça. Les autres ne les verront pas et iront plus loin.
Soirée "Guerre du feu"
Mes compagnons de bivouac de ce soir sont un jeune couple d'Allemands en long voyage et une autralienne de 28 ans en solo aussi mais je ne l'apprendrais que le lendemain. En effet, je rejoue le cliché français... J'arrive alors qu'ils finissent de manger et quand je commence ma guerre du feu, ils sont déjà tous dans leur tente! La rando les a cassés aussi et il fait pas chaud dehors. Bref, finalement je suis toute seule.
Ils n'avaient pas de gaz, leur réchaud fonctionnant au spirit. Du coup, si je veux manger chaud et bien, je dois me débrouiller pour faire un feu suffisamment conséquent pour faire bouillir une casserole d'eau. Vu le paysage autour de moi, je me dis que c'est un peu une nouvelle mission impossible... Mais bon, c'est un plan galère pas trop méchant qui m'amuse plutôt, donc je joue le défi Kho Lanta et me mets en recherche de combustible potentiel. J'ai même essayé les bouses effritées mais ça marchait pas du tout...! Je taille des copeaux dans mon bout de bois trouvé plus haut, rassemble les quelques brindilles trouvées et utilise le reste de carton et PQ offert par Paul & Mathilde pour faire une petite torche de départ. Ça prend son temps mais Ô miracle, ça marche! Sauf que ça sera pas suffisant. Maintenant que c'est allumé, je sillone les alentours du campement pour trouver de quoi faire des braises. Bingo! Au fond d'un ruisseau asséché je trouve pas mal de bons bouts de bois. A moi la soupelette de noodles!
Jour 3 : Altyn Arashan et ses sources chaudes
Easy Peasy - 10km / 1100 m ↘ / 3h
Je sors la tête de ma tente à 8h. Les autres ont déjà tout empaqueté. C'est dingue, c'est pas des blagues! Je tente pas une deuxième guerre pour un thé chaud, ça vaut pas le coup et il fait gris ce matin, ça me permet de décoller pour une fois bien avant midi!
Comme prévu je retrouve dans la descente mes deux belges puis plus loin nos deux français. On finit ensemble jusqu'à Altyn Arashan. Ce n'est que de la sympathique descente et, à part un passage à guet un peu funambule, c'est très reposant par rapport aux jours précédents. La vallée est bien verte et bien jolie.
Bain, Bivouac et Bide en vrac
On sort du bain. A contrecœur. Une petite demi-heure de marche plus tard, on plante les tentes et on commence une collecte pour un feu d'enfer. Adrienne - alias le bûcheron belge - est de loin la plus efficace ! Mathilde nous fait une magnifique pyramide de petit bois pour départ de feu, Paul est de service d'eau. Pendant ce temps, on tente l'expérience tampon/allume-feu dont nous avons débattu avec les filles dans le bain. Conclusion : il faut bien l'effeuiller pour l'allumer mais sinon c'est pas mal!
Seul bémol, je sens que la turista me rattrape et que cette fois-ci ce ne sera pas seulement une petite indigestion de mouton. Soirée et nuit instable. Au petit matin, je ne bois que du thé et ne mange rien. J'attends d'être de retour à Karakol pour tenter une nouvelle fois l'ouverture de ce satané flacon d'huile essentielle de cannelle! Huile apparemment surpuissante et sur laquelle je fonde tous mes espoirs pour m'éviter un cycle d'antibios (parce que c'est violent et que je préfère les garder en cas d'absolue nécessité).
Jour 4 : vallée d'Altyn Arashan
Balade du dimanche - 12 kms / 900 m ↘ / 3h
Je me mets en route pour 9h15, un record! Il fait de nouveau grand beau. Le chemin c'est la piste qui longe la rivière, c'est donc assez plat et cette vallée aussi offre de beaux panoramas. Quand tu vois l'état de cette piste tu te dis que les Kirghizes ont un petit grain dans la tête pour rouler sur des trucs pareils... Et qu'ils sont sacrément doués aussi! Tu penses d'ailleurs que c'est les même conducteurs qui te doublent sur la route et c'en est finalement presque rassurant... C'est des ornières folles avec véritablement des rochers énormes dans le passage qu'ils doivent négocier! Malheureusement mes deux batteries d'appareil ont fini par rendre l'âme et je n'ai pas pu immortaliser la chose...
Je rattrape trois filles vers la fin de la piste, qui m'ont tout l'air d'être française. Je sais pas pourquoi... Le sac Quechua ? Bref, j'entame la discute avec Pia, Lou et Julie. Deux soeurs avec une amie. Elle sont super sympas et répondent à toutes mes interrogations sur le bus retour pour Karakol. Je finis la marche avec elle en discutant, elles ont plein de questions et d'enthousiasme sur mon année de voyage et c'est bien chouette! On monte ensemble et elles sont adorables parce qu'elles me le payent ce bus en plus (je n'ai pas pensé à sortir mes sous avant qui se trouvent au fin fond du sac...) !
Retour à Karakol
De retour devant mon vélo au Yak hostel. Je passe un bon moment à tout réorganiser et refaire les sacs et sacoches comme il faut. Une petite toilette. Je vais rendre le sac à dos, acheter du gaz, recharger les batteries avec un café et c'est reparti pour le vélo ! J'ai décidé de profiter de la fin d'aprem pour m'avancer un peu sur mon programme de tour du lac.
A venir : Tour d'Issyk Kul à vélo Vol. 2!
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Cédric Charles (mercredi, 04 septembre 2019 19:16)
C'est quand même pas plus joli que l'Ardèche!!!Mdr
J'ai cru reconnaître la forêt d'Arcens et le lac de St Martial.
Ne soit pas si négative lorsque tu parles du vélo, y'a pas mieux!!!
Pour nous c'est reparti en fanfare(Ulis, Segpa ... que du bonheur!!!)
Bonne route
Maraouté (jeudi, 12 septembre 2019 06:24)
Ahah juste un chouilla plus "montagneux" ! C'est cool le vélo Cédric c'est juste que marcher est tellement plus facile pour moi! Ulis c'est la planque à Didier ^^ Bon courage !