Vous reprendrez bien un peu de désert ?

Alors là nous avons changé de tambouille en même temps que nous avons changé de versant! Ces trois jours dans la vallée de Naryn nous offrent la chaleur et la poussière du désert. Reste les deux invariants : une nature merveilleuse et un effort intense.

Jour 1 : Qu'est-ce qu'on pourrait bien faire d'autre que de monter?

Beau réveil dans la vallée de Naryn aux dimensions gigantesques. Au programme de la journée nous avons un bon p'tit dénivelé sur une piste dont on redoute l'état... Le début est tranquille, le soleil est déjà chaud - il deviendra très chaud par la suite mais encore vivable même sous l'effort - et il n'y a pas de vent! Ô miracle ! Nous avons du mal à trouver du pain au village avant le col. Finalement, après quatre magasins, je réussi à dénicher une galette rescapée. Délicieuse ! J'aurai dû en prendre deux! Chocolat et abricot et en route!


La piste n'est pas facile sur le long faux plat montant avant les épingles à cheveux, il ne faut pas dévier ses roues pour ne pas se retrouver soit secoué dans tous les sens par la tôle ondulée soit collé dans le sable-gravier tout mou. On vire et on revire - à droite, à gauche, au milieu - pour aller chercher le morceau de piste le moins fatiguant. Avant les virages, nous engloutissons le pain et le chocolat à l'ombre d'un arbre sur les coups de midi. La véritable ascension commence ici et bien heureusement, avec le relief, la piste s'améliore. 800 m sur 15km. Ça monte en lacets mais la pente reste raisonnable. Evidemment comparé à Song Kul... On a presque l'impression que c'est facile du fait de ne pas devoir descendre de nos vélos! 


À mesure que nous prenons de la hauteur, l'horizon recule et le désert apparaît dans son immensité montagneuse. La rivière Naryn creuse un très large sillon bleu et vert dans cet univers trichrome - ocre, gris, blanc. J'assiste pendant un instant au vol poursuite d'un moineau par un petit rapace - faucon ou épervier - c'est très impressionnant ! A part ça et les touristes qui nous dépassent dans leur voiture climatisée, il n'y a pas grand chose qui bouge alentours. 


Au dizième kilomètre de ce rythme je commence à faiblir un peu tout de même. Mon vélo va se tanker - enfin c'est moi qui le tanke mais bon... - dans un petit boudin de sable-cailloux et tombe sur le côté. Je rage,  l'insulte et le tape. Tom me prête le sien. Je souris. Gestion de la frustration : j'ai de nouveau cinq ans apparemment... Mais c'est tellement plus facile sur son alu tout léger ! Nous grignotons au sommet en regardant les Kirghizes faire leur petite démonstration de toast vodka à leurs auto-stoppeurs. Pour cette raison, on trouve de magnifiques collections de verre pilé à chaque col. 


C'est dommage, alors que la montée était vraiment pas mal, la descente sera très mauvaise. Mes freins ne valent plus rien et c'est super flippant de se lancer dans la pente de cette piste pleine de cailloux en sachant que tu ne peux pas t'arrêter. Tom, de nouveau, va faire troc avec moi. Mais sur ses roues toutes fines j'ai les chocottes aussi et je gère très mal. CHUTE. C'était à peu près sûr... Je n'ai RIEN - je sais donc tomber maintenant - à part encore plus peur. Fatigue. Colère de Tom qui a du mal à supporter de ne pas profiter de la descente, alors qu'il mérite, après s'être fait ch*** à la montée ! Je récupère finalement mon vélo qui, tant pis ne freine pas, mais est bien plus stable sur ces grosses roues. 

On profite à peine du décor qui est pourtant superbe de ce côté-ci. Ambiance Arizona. Canyon et failles. Roche rouge. Jaune. Le soleil tombe, il magnifie les couleurs et projette les ombres. Tableaux. 


C'est une looongue journée que celle-ci car après la descente, nous ne nous arrêtons pas là! Nous continuons encore 10km pour atteindre un spot d'un joli coin pour camper en bord de rivière indiqué sur Mapsme. On galère un peu à trouver l'endroit, il faut dire que ce n'est pas idyllique mais ça fait assez l'affaire finalement. Nous allons nous dépoussiérer à la rivière - très froide - avant de dîner adossés à un rocher en regardant les étoiles.


Jour 2 : Sur les plateaux et bientôt Kazarman

Nous partons vers 10h. C'est une journée qui s'annonce plus facile en terme de vélo. Il reste 54 km jusqu'à Kazarman et peu de dénivelé. À peine 400 m pour monter sur un petit plateau et puis ce sera que de la descente. Ce qui ne veut pas dire que j'en profiterai beaucoup non plus... à cause de mes freins. J'aurai vraiment du les changer avant! Mais je me dis qu'à Djalalabad je serai mieux posée à la Guesthouse pour le faire (ce qui est une hérésie car après je n'en aurai plus l'utilité...). Bref, la descente est pénible, j'ai mal, mal aux mains et j'ai peur. La piste est très mauvaise.

Tom crève. On répare. Nous hésitons à nous arrêter mais finalement on continue en se disant qu'on se posera mieux à l'auberge. Après ces 5 jours non stop, nous sommes un peu pressés d'arriver. D'autant plus que, si le plateau avait un certain cachet, les derniers kilomètres à plat dans la vallée n'ont vraiment rien de particulier. Et encore une fois la piste est casse-cul et difficile. Heureusement que nous sommes en faux plat descendant parce qu'à l'inverse, avec la fatigue de ces derniers jours et le petit vent de face, j'aurai été complétement découragée ! 

Nous y voilà ! Nous traversons la ville à la recherche d'un café ou d'un magasin. Tandis que nous dégustons notre super healthy food - à base de Twix, chocolat et Icetea - à l'ombre des arbres, un jeune kirghize vient discuter. Il travaille dans une agence de développement liée à l'environnement et en partenariat avec le Japon. Actuellement, il est en vacances, de passage avec un ami. Ils nous laisse son numéro pour peut-être un ride demain ou des contacts avec des amis des forêts. Nous le recroiserons le soir au restaurant et, à défaut d'un transport vers Djalalabad, il nous offrira le repas! Nice!

Nous nous rendons à l'adresse de l'Office de tourisme renseignée par Google Map. J'ai un mauvais pressentiment qui se révèle complètement infondée, tout se passe très bien. La dame qui nous accueille est gentille et extrêmement efficace! Notre chambre est claire et propre, il y a de l'eau chaude et du WiFi. Bref, parfait pour se reposer!

Jour 3 : Tricherie en taxi pour Djalalabad

Nous n'avons absolument aucune envie de se faire à vélo le col séparant Kazarman et Djalalabad et la piste qui va avec... Nous avons suffisamment avalé de poussière et de dénivelé les jours précédents pour renoncer sans aucun regret à ces 200km restants. Même à 50€ le taxi, très peu nous importe ! C'était génial et beau jusque là mais avec le temps qui nous reste nous voulons faire aussi autre chose pédaler dans le sable! 


Nous commandons le taxi et 15 min plus tard le voici. Sauf que même s'il était prévenu du chargement, il arrive tout surpris devant nos bicyclettes. Parfois - souvent ^^ - le fossé culturel, ou est-ce seulement des malentendus ? - nous apparaît très flagrant! Il repart et revient à notre demande avec cordes et couvertures. On charge les vélos sur le toit, on réussi à caser tout notre barda dans le coffre et c'est parti. Enfin non... Arrêt longuet à la station essence, puis au garage pour faire changer les pneus où des enfants à deux neurones répètent à n'en plus finir " Hello / Bye bye " en s'esclaffant... Il y a décidément des réactions que je ne saisis pas. Est-ce que la classe me manque ? Pas le moins du monde!


Enfin nous partons réellement. En route il récupère un père et sa petite fille, un bébé, qui vomira bien trois fois, avec autant d'arrêts du coup, en cours de route. Heureusement sans pleurs. Elle est d'ailleurs impressionnante de calme cette petite alors qu'elle est visiblement au bout de sa vie la pauvrette. Même ainsi nous nous félicitons de ne pas avoir tenté cette portion sur les biclous, c'est une horreur de route! Nous sommes déposés à la Guesthouse Goodnight pré-reservée par Mme efficacité de Kazarman.


C'est plus cher de ce côté de la montagne mais impeccable ! Une journée de repos complet à base de films et sieste bien mérités. Demain, deux jours de virée à pied au pays des noyers!

Les images

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