Navigation en Baja California

Une petite semaine de voile en mer de Cortes.

L'occasion d'explorer une côte sauvage

ponctuées d'îles désertes couvertes de cactus,

de villages de pêcheurs perdus au pied des falaises


Si j'ai eu l'envie d'aller au Mexique, c'est initialement en raison de la Baja California. Cette péninsule de largeur régulière forme un crochet dans le Pacifique de plus de 1250 kms de long. La transpéninsulaire, l'unique route, déroule ses 1700 kms d'asphalte de Tijuana au Cabo San Lucas. Elle chemine dans un décor aride et sauvage, au milieu de sierras spectaculaires culminant à plus de 3000 mètres. Conquise tardivement par les missionnaires, elle offre des images emblématiques de bâtiments alanguis sous le soleil entourés de cactus. Le Golfe de Californie, ou autrement appelé Mer de Cortés, qui sépare la presqu'île du continent est réputé pour son incroyable richesse biologique. Très riche en nutriments, elle est un sanctuaire pour baleines qu'elles soient bleue, grise, à bosse ou à dent. Cette géographie, cette faune et cette ambiance mexicaine singulière m'attiraient depuis que j'ai découvert son existence dans un magazine lors de mon premier voyage en Amérique en 2011.   


LA PAZ

Nous atterrissons à La Paz, capitale de la Basse Californie du Sud. C'est une ville sympathique, aux murs colorés et souvent couverts de fresques en hommage aux riches fonds sous-marins. Une grande promenade longe le front de mer ponctué de statues et bordé par une foule de bars-restaurants - ça doit être la cohue en pleine saison! Nous logeons à l'hôtel Seven Crown dans le centre historique, juste en face du Nim, bonne adresse gastronomique.

Je résiste à l'attraction hyper touristique - et vraiment à la limite de l'éthique - d'une plongée masque & tuba avec les requins-baleines. Nous préférons réaliser une véritable plongée via un club implanté depuis longtemps sur le territoire. Ce sera un baptême pour ma mère et ma sœur, Mathilde. Pour ma part j'intègre un groupe de niveau 1 sur la même sortie. Ce sera une journée assez magique pour toutes les trois! Adieu coraux, ici on vient observer les lions de mer dans la réserve de los Islotes où réside une de leur colonie. Grande première pour moi aussi de plonger avec des mammifères marins! Leur curiosité et leur ballet sous l'eau est une expérience fantastique. Nous refaisons surface absolument ravies    

Sailing Baja

Le lendemain nous avons rendez-vous dans les locaux de Dream Yatch Charter auprès desquels les parents ont loué un voilier pour une semaine. Visite, paperasse et conseils réglés, nous embarquons à bord du Dufour 412, monocoque de 12 m  - la plus petite unité disponible - un tantinet pichouille avec sa plancha sur le pont arrière mais finalement pas si mal en navigation. Nous investissons nos quartiers et avitaillons la bête.  Demain, on largue les amarres.


6 jours - 6 traversées - 6 Mouillages

Cela ne représente qu'un mini bout de cette immense Baja California car il faudrait des mois pour naviguer le long de ses côtes et ses îles jusqu'à l'embouchure du fleuve Colorado à son extrême nord. Mais nous avons néanmoins eu l'occasion de goûter à beaucoup de ses atouts. 


Playa Balandra, les poissons

Nous sortons sous un soleil de plomb de la marina toute orange et proprette. Après un stop au ponton carburant, nous voici autonome pour les jours à venir. Il n'y a pas grand vent et nous n'allons pas bien loin, à Playa Balandra. Cette grande baie abrite une fameuse pierre en équilibre. Le loueur nous a expliqué la veille qu'un jour un touriste aurait trop "joué" avec ladite pierre et l'aurait faite tombée. Un véritable scandale. Depuis elle a été recollée mais nous avons pour conseil d'y faire bien attention. Nous n'irons pas de ce côté de toute façon : accessible par la route, il est plutôt courtisé. Nous mouillons donc à l'opposé et plongeons dans l'anse vert d'eau. Masque, palmes et tuba et nous partons vers les rochers. Elle est fraîche! D'une vingtaine de degrés. Cela fait vite froid, difficile d'y rester plus de trente minutes en simple maillot de bain. Pas mal de poissons se laissent observer, notamment diodons et trompettes.  

 Avec l'annexe nous poussons au fond de la baie pour mettre pied à terre sur une très jolie plage surplombée d'une dune de sable tout à fait blanc. C'est idyllique mais désertique. Plus loin encore sur le plan d'eau, une mangrove pousse le long des berges dans une eau devenue saumâtre où sautent régulièrement de petites raies. Au crépuscule, de nouveau à bord, j'ai la chance de surprendre la longue arête bleue d'une dorade coryphène en chasse fendant la surface à toute vitesse. Tout à fait au couchant - magnifique d'ailleurs - c'est les petits points noirs des têtes de tortues que l'on voit apparaître. La mer de Cortés ne faillit donc pas à sa réputation d'être pleine de vie. 

San Evaristo, les pêcheurs

A l'analyse météo, viennent trois ou quatre jours de vent avant une nouvelle accalmie en fin de semaine. Nous décidons donc de partir nord pour une bonne traversée afin d'atteindre le village de pêcheur très bien abrité de San Evaristo dont le loueur - et oui toujours lui - nous a vanté le charme et le boui-boui sur la plage. La navigation nous prend la journée mais on marche bien sous un ciel grisaille. Pas hyper fun mais toujours mieux que de la pluie et qui laisse tout de même admirer les hautes falaises multicolores du trait de côte. Majestueuse rocaille sauvage, feuilleté de roches déformées. Ce qui impressionne le plus, c'est finalement le dénivelé de ces monts du désert. L'eau doit se faire tout à fait rare ici car seules quelques cactus et autres épineux apportent une touche de verdure dans ce monde minéral rose. 

En fin d'après-midi, nous entrons dans la petite baie de San Evaristo. Une plage, quelques barques de pêche et cabanes de plages. Une vingtaine de maison en dur, colorées. Une église. C'est tout. Un tout petit village de la côte, isolé du reste du monde par plus de deux heures de pistes à travers le désert. Et un restaurant. De poisson évidemment. Frais du jour. 

Nous repartons au matin sous les lumières d'un arc-en-ciel naissant dans les brumes des montagnes surplombant la baie. Magnifique. Il y a du vent. La mer, bleue profonde.

Il nous faut simplement traverser quelques miles pour rejoindre l'Isla San José, notre prochaine étape.

Isla San José, les cactus

A la lecture de notre petit guide de navigation, la plage de l'Isla San José - qui n'a pas l'air d'être habitée hormis par quelques pêcheurs nomades - est réputé pour la venue de baleines au petit jour. De quoi attiser les passions. Les cétacés espérés ne seront pas au rendez-vous mais le mouillage solitaire et la forêt endémique des cactus géants suffiront à combler notre fol espoir déçu. Ces cardón peuvent atteindre 19 m de haut, un record! Difficile de se balader sereinement dans ce règne épineux hostile où littéralement chaque plante darde des piquants acérés et où le sol est encombrés de sorte de bourraches grosses comme des billes. La longue plage déserte reste le meilleur spot pour la sieste. 

Isla San Francisco, l'île déserte

Toujours à la chasse aux baleines, nous passons la journée sur l'eau en faisant presque tout le tour de l'île San José par le nord. Et toujours rien… Pas un souffle. Enfin si, le padre semble capter furtivement quelque chose, puis nada. C'est un peu rageant de naviguer sur ces eaux si réputées sans voir ne serait-ce qu'un bout de nageoire. Enfin, c'est le jeu. On n'est pas à Marineland non plus, nous nous faisons donc une raison. Pour autant, le bateau marche bien et nous entrons dans la baie en fer à cheval de la petite île toute mimi, et déserte aussi, de San Francisco.

Pique-nique sur le sable devant un coucher de soleil incroyable. La végétation ici étant plus clémente, nous prenons le temps le lendemain de nous balader sur ce petit bout de terre désert. Jaune sable, rose passé & vert pistache. Les tons pastels de cette nature singulière adoucissent toutes les épines qu'elle recèle. Vu d'avion, ce bout du monde devrait ressembler à des bouts de guimauve flottant dans un océan turquoise. Enfin turquoise, pas tout à fait… 

Playa enseñada grande, les rochers roses

Navigation tardive jusqu' à Playa Enseñada Grande, enfin sa consœur, l'anse d'à côté dont je n'ai pas le nom. Arrivée au couchant, la crique est nimbée d'ocre. Ses curieuses murailles lisses rongées par l'eau et le sel portent chacune une voilette de pierre. Comme autant de champignons minéraux émergés des eaux dont l'on voudrait tester le toucher, la solidité, les cachettes immergées. 

Le ciel gris du lendemain ne nous laisse pas apprécier de la même manière les couleurs. Il faut se faire un peu violence pour se mettre à l'eau - toujours fraîche - et partir inspecter ces étranges falaises et leur vie sous-marine. Comme prévu, la pétole est revenue. La mer est d'huile et c'est au moteur que nous revenons lentement vers la civilisation au rythme des plongées sur rocher. Le soir nous vivons notre dernier mouillage solitaire même s'il est tout proche de La Paz. Nous devons rendre le bateau au matin et après une dernière baignade, il est l'heure de rentrer.

Les images

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